Elle dit, de Yannick Kujawa est avant tout l'histoire d'une transmission
et d'une écoute. La transmission d'une mère, l'écoute d'un fils, dans une tentative d'éclaircissement historial
de l'intime, de re-saisissement de soi et de quelques autres dans le grand
fleuve de l'usure du temps, de l'oubli. Elle
dit, est aussi le titre d'une modestie. Un titre volontairement inapproprié
où l'auteur ne laisse momentanément entrevoir que la main blanche du scribe
alors même que le travail d'écriture excèdera le seul champ de la transcription
du dire. Elle dit, est
incontestablement une re-naissance, celle de la voix du fils-écrivain qui vient
faire sienne et autre la voix de la mère. L'autofiction existentielle de la
mère qui se dit, qui se donne et fait matière à un dépassement de ses impasses
par l'autre voie, par l'entremise du fils passeur, celle de l'écrit. L'écrit,
la voix. Est-ce cela un écrivain, un tripatouilleur de voix qui ne se satisfait
pas de les entendre et qui cherche, géomètre de scansions nouvelles, d'autres
résonnances propres à enrichir la seule palette de l'existant, comme une
modestie définitive où l'ex-sistence nous tient reclus?