Il
y a des textes qui, comme la théorie lévinassienne du visage se soucie de
l'être dans sa nudité fragile, offrent à ceux qui s'y aventurent l'expérience
sensible d'une telle nudité. Il y avait
des rivières infranchissables le dernier livre de Marc Villemain fait
partie de ces écritures précieuses, devenues désespérément inhabituelles, qui
se saisissent avec une délicate nostalgie des questions sans fin que pose le
mystère du désir amoureux. Douze variations du thème des amours naissantes,
plus une (surprenante) en guise de point de capiton, constituent la palette
sensuelle d'une écriture légère et ciselée, émotive et précise, parfumée. Une
écriture qui tisse la toile d'un réel qui s'entrouvre et s'échappe aussitôt au
gré des pulsations d'un imaginaire sans pathos ni pesante nostalgie. Il y avait des rivières infranchissables
comme un tableau qui nous regarde et nous dit qu'il y avait, qu'il y a, qu'il y
aura la magie vivante du désir, creuset de l'être-là que nous sommes, toujours
infranchissable.