mardi 18 octobre 2016

Par la littérature, humaine.

 


Pour qui suit avec attention la construction de l'œuvre littéraire de Bertrand Leclair, il est aisé d'y apprécier la richesse des variations autour du thème de la condition humaine. Pour qui exerce son regard sur cette condition avec l'œil de la psychanalyse, il n'échappera pas que le travail littéraire de cette œuvre excelle, tout autant voire mieux que la conceptualité analytique, à en saisir toute la complexité.

Par la ville, hostile est à cet égard un véritable coup de génie tant l'exercice d'imagination déploie avec justesse l'interaction (qui échappe trop souvent aux littératures contemporaines) des champs de la subjectivité individuelle et du politique.

Une voix, celle d'une femme (1) désormais  recluse dans le déni de toute mondanéité possible, dans une ville-monde qui fabrique cette hostilité-là, ce soi en colère qui ne s'appartient plus, qui s'entend ne plus vouloir s'appartenir, qui se crache. Une voix, portée par la magie du style de Bertrand Leclair, lancinante, pulsionnelle, prise dans l'obsession de la disparition. Une voix qui trame un écho de peur dans les consciences affaiblies, une voix-fantôme qui hante les fantasmagories délétères, celles qui fabriquent un monde hostile à lui-même.

 

(1) Quatrième de couverture:


Ce qui lui fait peur, c’est cette violence folle que ses fils peuvent libérer à l’extérieur, d’une seconde à l’autre, métamorphosés, bouffis de haine, à terroriser tout le quartier. La violence… Depuis quand? Voilà une question qui l’agite, tout au fond d’elle-même, là où elle ne peut pas empêcher que les mots soient encore un peu vivants. Depuis quand, elle a peur de la violence de ses garçons? Depuis quand, tout est parti en vrille?

Une femme est seule chez elle, immobile sur un fauteuil, dans un appartement presque vide. Plus de rideaux aux fenêtres, plus de télé, plus de canapé. Elle attend qu’on vienne la jeter dehors.
Puisqu’on va l’expulser. Elle le sait et elle ne veut pas, le savoir. Elle voudrait juste chasser les mots, ne plus penser, et surtout pas à ses deux enfants qu’elle ne va plus jamais voir, au parloir de la prison. Elle ne leur a rien dit de l’expulsion qui se prépare, ultime conséquence de leur condamnation pour trafic de drogue…
   


 

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