mercredi 2 novembre 2016

Disent-ils?


 

 

Elle dit, de Yannick Kujawa est avant tout l'histoire d'une transmission et d'une écoute. La transmission d'une mère, l'écoute d'un fils,  dans une tentative d'éclaircissement historial de l'intime, de re-saisissement de soi et de quelques autres dans le grand fleuve de l'usure du temps, de l'oubli. Elle dit, est aussi le titre d'une modestie. Un titre volontairement inapproprié où l'auteur ne laisse momentanément entrevoir que la main blanche du scribe alors même que le travail d'écriture excèdera le seul champ de la transcription du dire. Elle dit, est incontestablement une re-naissance, celle de la voix du fils-écrivain qui vient faire sienne et autre la voix de la mère. L'autofiction existentielle de la mère qui se dit, qui se donne et fait matière à un dépassement de ses impasses par l'autre voie, par l'entremise du fils passeur, celle de l'écrit. L'écrit, la voix. Est-ce cela un écrivain, un tripatouilleur de voix qui ne se satisfait pas de les entendre et qui cherche, géomètre de scansions nouvelles, d'autres résonnances propres à enrichir la seule palette de l'existant, comme une modestie définitive où l'ex-sistence nous tient reclus?

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