mardi 10 novembre 2015

Frictions de fictions.




Ceux pour qui la littérature contemporaine est un objet d’attention trouveront à se réjouir de l’essai d’Isabelle Grell consacré à L’autofiction et publié dans la Collection 128 des Editions Armand Colin.

Il y a dans ce travail minutieux la mise en perspective d’un geste littéraire où ne trouve pas à se constituer de doxa.

Il y a là une étude sériée qui laisse entrevoir la multiplicité des variations où s’ébauchent les écritures du sujet.

 Des écritures rendues possibles par une approche qui excède l’enclos de la conscience grâce à La redistribution de l’espace psychique introduite par la topologie freudienne… En effet, la psychanalyse est venue faire coupure dans le « savoir hégémonique de la science » en introduisant la fameuse hypothèse de l’inconscient et relativiser ainsi « le tout de la conscience » par lequel « le tout de la science » obligeait le monde à se penser lui-même, et nous avec lui… J’ose maintenant vous dire que la psychanalyse ouvre le sujet dans son « dire » à une dialectique, certes parfois difficilement et douloureusement consentie, de la compréhension de son « étant », de son « être-là »… (1)

Le sujet post-freudien, débarrassé de cette surdétermination monolithique, s’expose à une multiplicité de déterminations venues d’ailleurs, tramées par la question hallucinante du désir de l’autre, cette fiction originaire dont il aura à se défaire au prix d’une coupure, d’une schize, d’une division constituantes. Ce je est un autre qui entérine et installe le sujet, à l’instar de l’autre, comme fiction. Et c’est bien dans la friction de ces fictions qu’un dit dans le dire ou l’écrire, dans lalangue, tentera de défaire les fictions contraignantes et de construire les fictions acceptables où le sujet saura qu’il est la part incompressible d’un reste, d’une incomplétude de son acte, sa part d’ignorance. Il se rassure en pensant que cette part est humainement partageable, qu’elle est le point de butée universel où s’échoue l’intelligibilité du désir. (2) 

Le psychanalyste ne peut pas mieux dire que le oui, dites! faute de pouvoir dire oui, écrivez!

 

(1 et 2) Conférence Psychanalys(t)e et Citoyenneté

http://soundcloud.com/michel-gros-dumaine/sounds-from-wednesday





 

 

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