Il ne serait
peut-être pas vain, en reprenant l’histoire de ce chemin où nous mène Vers
le sud, de ne pas perdre complètement le nord. Car somme toute, le nord
c’est bien le lieu de notre résidence habituelle, et de toutes les hégémonies.
Nous aurions
peut-être tout intérêt à comprendre d’abord le grand écart exotique qu’il nous
joue, notre nord, ici même, à domicile, sur les questions refoulées de la
psychogenèse et du sexuel, du désir et de son objet, de la pulsion et de son
destin, de la jouissance et de notre socialité hypnotisée par le spectacle et
la marchandise. Nous verrions peut-être mieux, ainsi assuré de ce bagage de savoir
local, s’il est opportun de nous engager comme ces femmes dans des voyages
lointains, coûteux, et au fond si peu exotiques.
C’est une vieille
histoire, me direz-vous, ces questions que nous avions sous les yeux depuis
toujours sans les voir avant que Freud ne passe par là. Mais malgré cela, cette
cécité ne serait-elle pas encore de mise quand bien même l’envahissement d’un
réel fabriqué en 24 images-seconde ferait aujourd’hui fonction de tout dire
psychanalytique, et les écrans où ces images se projètent office de divan sans
fauteuil et sans analyste ?
Bref, puisqu’on
m’a gentiment demandé d’organiser entre nous un échange pour tenter de
comprendre tout cela, sans montrer trop d’impertinence à l’égard du
totalitarisme de l’image, j’ai essayé de surseoir à mon manque d’imagination,
quand l’image pèse sur l’entendement comme un réel possible, en extrayant de ce
film trois pistes qui, je l’espère avec ce débat, offrirons aux nombreux modes
d’expressions de notre curiosité la plus value de connaissance qui ne cesse
jamais de lui manquer.
Trois pistes,
comme ces trois femmes qui symbolisent différentes postures fantasmatiques
du désir féminin. Nous allons donc parler de ces trois femmes, de ce que
nous en comprenons, de ce qu’elles convoquent en chacun des aléas de notre
condition de parlêtre et de sujet désirant.
Il m’a été suggéré
d’ouvrir aussi un questionnement concernant la situation particulière du désir
féminin à l’instant de son prétendu évanouissement dans la ménopause, que ces
femmes parties Vers le sud démentent sans en effacer les travers de
souffrance, et que ma consœur Marie-Christine Laznik nomme pour titre de son
remarquable ouvrage L’impensable désir.
Ce qui est sans
doute une invite à ce que je cède rapidement le micro, pauvre homme que je suis.
Je le fais bien volontiers, désemparé devant cet écran devenu noir, comme la
psychanalyse l’est encore devant ce continent qu’est le désir de chaque femme.
À tout à l’heure,
donc, pour en débattre…
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