Ma trilogie personnelle des romans de
Lionel-Edouard Martin s’achève avec la lecture de Nativité cinquante et
quelques. Après Mousseline et ses doubles, Anaïs où les
Gravières, une lecture donc à contre-courant du temps de l’écriture. Mais
qu’importe ce peu d’attention à l’idée d’une chronologie tant il me semble que
la temporalité joue dans l’oeuvre de Lionel-Edouard Martin une toute autre
partition que celle d’une durée bien tempérée.
Le temps me paraît plutôt se présenter à notre
attention sous la figure des êtres donnés à se saisir sous les figures du
style, l’être de la langue. Je ne crois pas faire injure à l’imagination de
Lionel-Edouard Martin en disant que le personnage principal de ces trois romans
est la langue elle-même, les personnages son prétexte.
Nativité cinquante et quelques offre une
palette de personnages comme autant de couleurs stylistiques où s’exerce la
quête, dans le creuset de la langue, du devenir écrivain. Alors même que la
littérature actuelle donne plutôt à lire le mépris de cette impérieuse
tentative, noyée dans le flot des histoires, contes et fabliaux de
substitution… à la vie elle-même.
Jean Dieu, Maît’ Louis, Ma Filleule, Mon Filleul
et Bout de Zan (ces nominations improbables) ne paradent comme de fiers Artaban
qu’en quête, dans la nuit du monde, d’une lumière dont ils sont, dans la main
de l’auteur, le reflet.
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