mardi 6 octobre 2015

"L'insu que sait de l'une bévue s'aile à mourre". Pensée nomade.


 

Yves Charnet est un immense écrivain. Il vient dans le Panthéon de mes goûts s’accoter à d’autres de nos contemporains, tels Pascal Quignard, Pierre Michon, Pierre Guyotat, Pierre Bergounioux… , qui ont tous cette constante et douloureuse préoccupation de la langue, bien plus douloureuse préoccupation que celle de la vie même. Et si philosophiquement le titre de ce texte me parait indépassable, littérairement « La tristesse… » d’Yves Charnet est malgré tout ce poids de la pensée une ode à la vie. Se reconstituerait-elle en l’effigie d’un personnage éprouvé dans le réel ou dans l’imaginaire, elle n’en serait pas moins plus désirable que celle qui nous est donné de vivre. Et c’est bien là, magie de la littérature de donner tout de ce peu. « Madame G » admirable prétexte au sens phonique : « Madame j’ai » ouvre à l’auteur et au lecteur, son complice, l’espace nécessaire où le monde se déploie dans les nominations successives qui marque notre époque. Celle d’un siècle au réel barbare et pourtant chargé de possibles si lumineux, qu’il nous a été possible de l’occuper. Que nous ayons souffert ou non dans les dérisoires réalités de l’intime, ce texte en est historiquement le dépassement à l’œuvre. Il est publié aux Editions de la Table ronde où nous aimerions être assis avec l’auteur un verre à la main.

http://www.franceculture.fr/oeuvre-la-tristesse-durera-toujours-de-yves-charnet

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