jeudi 29 octobre 2015

Vers le sud de Laurent Cantet.


 

Il ne serait peut-être pas vain, en reprenant l’histoire de ce chemin où nous mène Vers le sud, de ne pas perdre complètement le nord. Car somme toute, le nord c’est bien le lieu de notre résidence habituelle, et de toutes les hégémonies.

Nous aurions peut-être tout intérêt à comprendre d’abord le grand écart exotique qu’il nous joue, notre nord, ici même, à domicile, sur les questions refoulées  de la psychogenèse et du sexuel, du désir et de son objet, de la pulsion et de son destin, de la jouissance et de notre socialité hypnotisée par le spectacle et la marchandise. Nous verrions peut-être mieux, ainsi assuré de ce bagage de savoir local, s’il est opportun de nous engager comme ces femmes dans des voyages lointains,  coûteux, et au fond si peu exotiques.

C’est une vieille histoire, me direz-vous, ces questions que nous avions sous les yeux depuis toujours sans les voir avant que Freud ne passe par là. Mais malgré cela, cette cécité ne serait-elle pas encore de mise quand bien même l’envahissement d’un réel fabriqué en 24 images-seconde ferait aujourd’hui fonction de tout dire psychanalytique, et les écrans où ces images se projètent office de divan sans fauteuil et sans analyste ?

Bref, puisqu’on m’a gentiment demandé d’organiser entre nous un échange pour tenter de comprendre tout cela, sans montrer trop d’impertinence à l’égard du totalitarisme de l’image, j’ai essayé de surseoir à mon manque d’imagination, quand l’image pèse sur l’entendement comme un réel possible, en extrayant de ce film trois pistes qui, je l’espère avec ce débat, offrirons aux nombreux modes d’expressions de notre curiosité la plus value de connaissance qui ne cesse jamais de lui manquer.

Trois pistes, comme ces trois femmes qui symbolisent différentes postures fantasmatiques du désir féminin. Nous allons donc parler de ces trois femmes, de ce que nous en comprenons, de ce qu’elles convoquent en chacun des aléas de notre condition de parlêtre et de sujet désirant.

Il m’a été suggéré d’ouvrir aussi un questionnement concernant la situation particulière du désir féminin à l’instant de son prétendu évanouissement dans la ménopause, que ces femmes parties Vers le sud démentent sans en effacer les travers de souffrance, et que ma consœur Marie-Christine Laznik nomme pour titre de son remarquable ouvrage L’impensable désir.

Ce qui est sans doute une invite à ce que je cède rapidement le micro, pauvre homme que je suis. Je le fais bien volontiers, désemparé devant cet écran devenu noir, comme la psychanalyse l’est encore devant ce continent qu’est le désir de chaque femme.

À tout à l’heure, donc, pour en débattre…

 

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