Je veux louer le Vivant
Qui aspire à la mort dans la flamme.
Et tant que tu n’as pas compris
Ce : meurs et deviens !
Tu n’es qu’un hôte obscur
Sur la terre ténébreuse.
Goethe
Dans ce texte en patchwork, où onze alterfictions
déploient leur destinalité d’être pour la mort, Françoise Limiñana nous
entraîne dans l’intimité de la question de la lisière, où Certes
l’intensité du temps vécu alors est grande, comme si la proximité de la mort
pesant de toute sa menace et de toute son irréversibilité aidait, parfois bien
tard, à sentir le prix du temps et des choses, à découvrir le chemin des mots
qui jamais ne furent dits, à révéler les gestes que la pudeur retint. Comme si,
lorsque la marge de l’attente s’amenuise, quand les projets d’être se consument
aussitôt ébauchés, quand s’impose l’imminence d’un bouleversement absolu de la
vie, l’homme retrouvait le sens du caractère précieux et unique de chaque
instant, comme s’il avait enfin le temps (Catherine Chalier – La
persévérance du mal). Onze variations du temps où chaque personnage décline,
dans la variété de son style propre, un être-là en quête d’un réel impossible à
saisir qui prendrait le visage tant redouté de la mort. Onze chants qui
fredonnent aussi les fictions multiples où la vie elle-même s’épuise à dire le
sens qu’elle recèle.
Françoise Limiñana, au plus proche du réel de son
expérience professionnelle, offre au lecteur dans cette fiction élégamment
construite les variations d’un style d’écriture sans pathos. Alertes et vifs, émouvants
d’humanité, rieurs aussi, ses mots viennent percuter nos sensibilités écorchées
par la question souvent refoulée de notre propre finitude.